Les besoins des porcs
De quoi les cochons ont-ils réellement besoin pour être en bonne santé et heureux ?
Il est probable que la domestication du porc ait commencé il y a des milliers d'années. Les quelque 150 races existantes du porcin domestique européen proviennent principalement du sanglier européen et de croisements avec le porc d'Asie orientale, que des marins britanniques ont amené en Europe au 18e siècle. Pendant des siècles, les porcs étaient gardés à l'extérieur, dans des pâturages, des forêts ou même dans la rue pendant la journée, et étaient amenés dans des étables la nuit. L'élevage intensif n'est apparu qu'après la Seconde Guerre mondiale.
L'espérance de vie naturelle des porcs peut atteindre vingt ans, mais dans l'industrie alimentaire, les porcs sont généralement abattus à l’âge de six mois, l'âge de la maturité sexuelle, quand ils ont atteint un poids de 180 kg. Les truies reproductrices sont abattues dès qu'elles ne répondent plus aux performances attendues, généralement après quelques années.
Les besoins de base des porcs
Les cochons ont une organisation sociale avec une hiérarchie stricte et des routines quotidiennes régulières. Habituellement, les porcs vivent en groupes composés de 20 à 30 individus, incluant des truies et leurs progénitures. Après la maturité sexuelle, les animaux mâles quittent le groupe et rejoignent des groupes séparés pendant une certaine période afin de mener une vie solitaire. Ils ne rejoignent le groupe que pendant la saison d'accouplement.
Contact et proximité avec les autres porcs
À l'exception des verrats adultes, les porcs sont des animaux très sociaux qui ont un fort besoin de rester en contact avec d'autres congénères. Bien que la séparation des groupes établis et l'isolement des jeunes animaux ou des truies provoque un stress important chez l'animal, ces deux pratiques sont très courantes dans les systèmes d'élevage intensif de porcs.
La plupart des activités des porcs sont réalisées au sein du groupe, ou du moins à proximité du groupe. Compte tenu de la hiérarchie, il existe des situations ou les porcs s'évitent ou gardent une certaine distance entre eux. Le non-respect de cette distance, par exemple lors des repas, peut entraîner un comportement agressif. De tels conflits se produisent très souvent dans des conditions d'élevage intensif extrêmement exiguës, car les animaux ne peuvent pas s'éviter. Cela entraine souvent des blessures ou un niveau de stress élevé permanent.
Les groupes sont continuellement reconstitués, ce qui ne laisse pas le temps de réajuster et de calmer la situation. Le va-et-vient constant des membres du groupe entraîne des luttes répétées pour maintenant la hiérarchie.
Le besoin de propreté et d'hygiène personnelle
L'image d'un porc couché ou même vautré dans ses excréments ne correspond en rien à la disposition naturelle de l'animal. Au contraire, les porcs qui sont contraints de vivre en permanence dans leurs propres excréments dans des systèmes intensifs en souffrent gravement.
Le comportement de se baigner, ou de rouler dans la boue vient du fait que des porcs ne peuvent pas transpirer. Pour régulariser leur température corporelle ils se rafraichissent dans l’eau ou la boue. Dans des élevages intensifs ils n'ont aucun moyen de manifester ces comportements innés d'une manière adaptée à leur espèce. Par pure nécessité, ils essaient de se rafraîchir en s'aspergeant d'eau ou en se roulant dans leurs propres excréments et urine.
La température élevée dans les élevages et la teneur accrue en ammoniac liée aux excréments dans l'air qu'ils respirent présente également des risques importants pour la santé des porcs. Les problèmes cardiovasculaires et les maladies respiratoires, comme la pneumonie, ne sont pas rares.
Les porcs domestiques ont été élevés pour avoir une forme corporelle plus longue, afin de produire des quantités plus importantes de la viande la plus demandée. Ces animaux ont besoin de pouvoir se gratter, car ils sont beaucoup moins flexibles que leurs ancêtres sauvages.
Le frottage ou grattage permet d'éliminer la boue, les matières fécales et les parasites. Dans des conditions d'élevage intensif, il n'y a généralement pas de possibilités de grattage, ou alors elles sont inadéquates. Les grattements permanents et la non-satisfaction des besoins innés, comme se coucher, conduisent à des frustrations, qui mènent souvent à une agressivité accrue envers leurs partenaires d'enclos.
Indicateurs du bien-être des porcs
La présence ou l'absence de certains comportements peut donner des indications importantes sur le bien-être animal. Plus important encore, cela montre dans quelle mesure une forme d'élevage satisfait les besoins fondamentaux d'un animal et peut être décrite comme appropriée à l'espèce. La recherche de nourriture ou le jeu, par exemple, peuvent être un bon indicateur de conditions de vie positives. Les porcelets, en particulier, ont un instinct d'exploration prononcé, qu'ils peuvent exercer de manière intensive dans des systèmes d'élevage naturels et en liberté. Dans les soins intensifs, il n'y a ni espace ni possibilités d'emploi adéquates.
Le comportement de confort décrit les actions qui peuvent être considérés comme "soins corporels" mais aussi les comportements qui représentent le confort, la tolérance, la sociabilité et la relaxation (par exemple, bâiller, s'étirer, se cacher).
Lors de l'évaluation des conditions d'élevage, il faut être prudent lorsqu'on considère la présence du comportement du confort comme un indicateur positif. Certains éléments, tels que le bâillement, l'étirement ou le grattage, peuvent également être des déplacements comportementaux qui résultent d'un conflit ou d'un mauvais environnement. Il est toujours important de prendre en compte l'ensemble du contexte comportemental lors de l'évaluation de l'animal. Les stéréotypies, l'automutilation, les comportements apathiques ou exagérément agressifs allant jusqu'au cannibalisme sont des signes de mauvaises conditions de détention.
Des comportements stéréotypés peuvent être observés très souvent chez les porcs en élevage intensif. Il s'agit, par exemple, de mâchonnements simulés avec une bouche mousseuse, de roulage de langue et de morsure ou d'autres. L'apathie et l'agressivité excessive dues au stress constant et au manque de possibilités de se replier sont également très fréquentes.
