Les alternatives à la castration à vif des porcelets

Les alternatives à la castration à vif des porcelets 

Quelles sont les méthodes permettant de castrer les porcelets sans douleur ?

5.8.2021

La castration chirurgicale des porcelets mâles dans les élevages porcins est souvent présentée comme n'ayant pas d'alternatives. Cette intervention extrêmement douloureuse est généralement justifiée par la prévention du risque de la « tare du verrat ». Ce problème, qui provoque un mauvais goût de la viande est extrêmement rare et ne se produit que lorsque la viande est chauffée. Il existe également plusieurs alternatives à la castration chirurgicale. Outre l'engraissement des verrats et l'immunocastration (une vaccination contre la tare du verrat), la castration chirurgicale sous anesthésie générale et analgésie postopératoire est également une option intermédiaire. Ces trois solutions sont acceptables du point de vue du bien-être animal. De nouvelles alternatives apparaissent également avec les progrès de la technologie, comme la castration génétique. En revanche, les méthodes qui n’éliminent pas suffisamment la douleur pendant et après la castration, comme l'anesthésie locale, ne sont pas acceptables.

Les alternatives À LA CASTRATION

L’engraissement des verrats

Les porcs mâles peuvent être élevés et engraissés sans être castrés. Les animaux non castrés sont plus actifs, ce qui peut entraîner une augmentation du niveau d'activité dans l'étable. Il faut donc adapter les conditions de logement aux besoins particuliers des verrats pour garantir une bonne gestion. Au Royaume-Uni, en Irlande et dans certains autres pays, les verrats sont traditionnellement élevés sans être castrés. Dans les autres pays, certaines entreprises ont déjà adopté cette pratique, mais elles ne sont pas nombreuses.

L'immunocastration (une vaccination contre la tare du verrat)

Il existe Une vaccination qui supprime l'activité testiculaire des verrats qui doit être effectué deux à trois fois. Il en résulte une inhibition de la croissance des testicules et aucune tare de verrat ne se développe. Le vaccin est appliqué à l'aide d'un injecteur de sécurité.  L'immunocastration n'est pas un traitement hormonal, et la viande de porc ne contient donc pas d'hormones. C'est une information très importante pour les consommateurs, car il existe un risque de fausse information des consommateurs à ce sujet. La Nouvelle-Zélande et l'Australie sont des pays qui utilisent avec succès l'immunocastration depuis 1998. Elle est également pratiquée à grande échelle au Brésil depuis 2005. La préparation est autorisée comme vaccin en Suisse depuis 2007 et dans l'UE depuis 2009. Elle est aussi utilisée en Belgique.

La castration génétique

La modification génétique n'est actuellement pas autorisée dans l'Union européenne, mais cela pourrait changer dans un avenir proche. De nouveaux développements et de nouvelles recherches peuvent améliorer le bien-être des animaux, et des pays en dehors de l'UE travaillent déjà à la mise en œuvre de la castration génétique afin d'éviter les souffrances inutiles des porcs pendant la castration.

Il existe de nombreuses façons de modifier les gènes pour castrer les porcs et éviter ainsi l'apparition de la tare du verrat. L'une des options consiste à supprimer le phénotype mâle, ce qui supprime le développement des testicules, même si le génotype des porcs est mâle. Une autre possibilité consiste à détruire le chromosome mâle dans le sperme, ce qui rend tous les porcelets de la portée femelles, ou encore une autre possibilité est de supprimer les gènes des porcelets mâles qui provoquent l'adolescence. Cette dernière méthode nécessite le recours à l'injection d'hormones, ce qui, traditionnellement, ne correspond pas à la perception qu'a le public des produits animaux sans risques1.

Quelle que soit la méthode de castration génétique utilisée, des recherches supplémentaires doivent être menées à son sujet afin de garantir le bien-être des animaux. Il faut s'assurer qu'il n'y a pas d'abus dans l'édition de gènes et il faut être conscient que cela reste une forme de manipulation de l'intégrité d'un animal.

LES ALTERNATIVES À LA CASTRATION CHIRURGICALE À VIF

La castration chirurgicale n’est acceptable que sous anesthésie générale. Si la castration chirurgicale est indispensable, les méthodes anesthésiques suivantes sont temporairement acceptables :

Anesthésie par inhalation (isoflurane) et traitement de la douleur.

Cette méthode consiste à anesthésier les porcelets au moyen d'un masque d'inhalation avec un anesthésiant appelé isoflurane. En Allemagne et en Autriche, elle ne peut être pratiquée que par un vétérinaire. En Suisse, en revanche, les éleveurs formés peuvent utiliser cette forme d'étourdissement des porcelets. Des médicaments antidouleur doivent être administrés à l'avance afin de soulager la douleur consécutive à l'intervention après le réveil. La perte de conscience par l'isoflurane commence au plus tard après une minute.

Si les entreprises ne peuvent ou ne veulent pas renoncer à la castration chirurgicale, cette méthode d'anesthésie est une alternative acceptable du point de vue du bien-être animal. La condition préalable est que les masques d'anesthésie soient adaptés à l'âge des animaux afin que la profondeur d'anesthésie requise puisse être atteinte. En outre, les animaux ne doivent pas être introduits tête en bas dans le masque d'inhalation, mais dans le meilleur des cas dans la position normale (pattes en bas) ou sur le dos. L'isoflurane étant une substance potentiellement toxique, elle peut constituer un risque de sécurité dans les conditions d'élevage (sans système de ventilation, comme c'est le cas dans les salles d'opération des cliniques vétérinaires).

Anesthésie générale par injection et traitement de la douleur - une alternative acceptable

Dans le cas de l'anesthésie par injection, un mélange de kétamine et d'azapérone est injecté au porcelet. L'application doit être effectuée par un vétérinaire. L'anesthésie par injection peut être administrée par voie intraveineuse (dans la veine - ici dans la veine de l'oreille) ou intramusculaire (dans le muscle). Les porcelets doivent être âgés d'au moins 14 à 21 jours, afin qu'une phase de sommeil et de réveil éventuellement plus longue n'entraîne pas de problèmes de santé. Si les porcelets sont trop jeunes ou si le dosage est trop élevé, une longue phase de sommeil peut entraîner une perte de poids car ils ne boivent pas pendant cette période. Cependant, avec cette méthode, il n'est pas nécessaire de castrer les porcelets la première semaine, les éleveurs peuvent donc attendre que les porcelets aient pris du poids et soient plus en forme. Cependant il faut administrer des analgésiques après l'opération, car l'anesthésie ne soulage pas la douleur.

DES MÉTHODES D'ANESTHÉSIE INACCEPTABLES

  • Inhalation de l'agent anesthésique CO2
    L'anesthésie au CO2 doit être rejetée pour des raisons de bien-être animal. Son administration est extrêmement stressante, le CO2 provoquant des crises d'étouffement et des troubles respiratoires. À cela s'ajoutent les dispositifs de retenue peu sûrs des appareils d'anesthésie et le taux de mortalité assez élevé des animaux.
  • Anesthésie locale « la quatrième voie »
    En cas d'anesthésie locale, un anesthésique local est injecté dans les deux testicules et le cordon spermatique environ dix minutes avant l'intervention. Cela nécessite souvent plusieurs injections, qui sont extrêmement douloureuses et stressantes pour les animaux. Les experts supposent que les animaux souffrent de la même manière lorsqu'on leur pique les testicules, que s'ils étaient castrés sans anesthésie. L'effet analgésique de l'agent est également jugé insuffisant pour l'ablation des testicules. Le terme “quatrième voie” a été créé parce que trois alternatives (engraissement des verrats, immunocastration ou castration sous anesthésie générale) soit discutées comme des alternatives acceptables. L'anesthésie locale n'est pas encore une procédure reconnue et légale dans la plupart des pays, même si l'industrie agricole fait pression pour sa légalisation. Cependant, rien ne serait amélioré pour les animaux et la procédure de castration resterait extrêmement douloureuse et stressante pour les animaux.
  • Utilisation exclusive d'analgésiques
    La castration sans anesthésie, uniquement avec des analgésiques, n'est pas acceptable du point de vue du bien-être animal, car la plus grande douleur n'est pas éliminée pendant la procédure.

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Source

1) https://www.pigprogress.net/Piglets/Articles/2020/7/Gene-editing-offers-avenues-to-end-castration-601680E/

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