La souffrance des veaux

La souffrance des veaux

Exploités dès la naissance pour l'industrie laitière

10.6.2021

La majorité des veaux nés au sein de l’industrie laitière sont séparés de leur mère peu après leur naissance. Nourris d'un lait artificiel et sans pouvoir exprimer leurs comportements naturels, les veaux mâles sont transportés très jeunes vers des parcs d'engraissement avant d'être cruellement abattus. Les jeunes femelles sont quant à elles élevées pour devenir reproductrices à leur tour et alimenter cette industrie cruelle. 

Une séparation traumatisante et une alimentation artificielle

Afin d'être rentable, une vache laitière doit produire la plus grande quantité de lait possible et pour cela, elle doit donner naissance à un veau. Chaque vache est donc inséminée artificiellement dès l'âge de 16-18 mois, puis donnera naissance à son veau après 9 mois de gestation. Peu après la naissance, la vache commence à produire du lait qui sera vendu pour la consommation humaine. Le veau sera enlevé à sa mère quelques heures ou quelques jours après sa naissance, puis nourri avec un lait artificiel, souvent un mélange de lait écrémé en poudre et d'eau. Il sera alors gardé en isolement durant ses premières semaines de vie et nourri 2 fois par jour avec le substitut.

La séparation avec la mère rend souvent le veau plus vulnérable aux maladies. Un veau devrait téter entre 6 à 8 fois par jour, mais séparé de sa mère, il n'est nourri que 2 fois dans la journée avec un sceau rempli de lait artificiel. Les veaux boivent donc rapidement et consomment de grandes quantités en une seule fois. Couplé au stress subi par cette séparation, leur système immunitaire est très affaibli et les rend vulnérables à des coliques parfois mortelles. Un taux de mortalité de près de 10% au sein des exploitations laitières est le résultat de ce triste constat.1

Cette séparation brutale après la naissance a d'autres conséquences dramatiques sur le bien-être et le comportement du veau. L'absence de contact entre le petit et sa mère peut entraîner des troubles du comportement, notamment des problèmes de succions croisées (lorsqu'un veau tète les oreilles, la bouche ou le ventre d'un autre veau) ou de compétition pour le lait lorsque les veaux sont regroupés. La souffrance psychologique créé par cette séparation et l'empêchant d'exprimer des comportements naturels à son espèce peut également entraîner une déficience physique chez le veau, comme une perte de poids importante, le fragilisant davantage. 

La vie des veaux en isolement

Plus de 60 % des veaux laitiers européens sont non seulement séparés de leur mère peu après leur naissance, mais sont aussi isolés de leurs congénères pendant les 8 premières semaines de leur vie.2 Cette mesure a pour but de réduire la propagation d'éventuelles maladies et d'empêcher un trouble comportemental spécifique appelé la " succion croisée ". Les veaux logés individuellement sont plus faciles à attraper mais ils disposent de peu d'espace et n'ont pas la possibilité d'exprimer des comportements sociaux naturels. Des études ont montré que les veaux isolés ont plus de difficultés à consommer une alimentation solide et grandissent généralement plus lentement que les veaux logés en groupe.3

Une socialisation précoce avec des congénères est essentielle au bon développement comportemental des veaux, elle leur permet d'établir et d'entretenir des liens sociaux (toilette mutuel, jeux) qui facilitent le développement d'aptitudes essentielles et constituent une base pour le soutien social.4 Les veaux devraient donc être logés en groupes ou au moins par paires, et disposer d'un espace suffisant pour pouvoir exprimer leur comportement naturel de jeu.

Gavés dès la naissance 

Le veau a parfois besoin d'un temps d'adaptation avant de se nourrir au pis de la vache, car tous deux sont encore épuisés par la naissance ou ont encore besoin de se familiariser l'un à l'autre. 

Pressés par le temps, les éleveurs de l'industrie laitière n'attendent pas que les veaux apprennent à téter seuls et leur administrent de force leur premier repas. Un tube en plastique est inséré dans l'œsophage du veau par la bouche, afin de lui fournir une dose de colostrum (le premier lait sécrété par la vache après la naissance) qui est essentiel au bon développement des nouveau-nés. Le colostrum contient des anticorps dont le veau a besoin et il doit impérativement ingérer cette substance peu après sa naissance, car il n'a que quelques heures pour développer son propre système immunitaire. 

L'administration du colostrum ne doit pas être pris à la légère mais les agriculteurs sont habilités à le faire eux-mêmes, malgré leur manque de connaissance en soins vétérinaires. Il est fréquent que le colostrum soit administré dans la trachée au lieu de l'œsophage et si le tube est retiré avant qu'il d'être complètement vide, le lait peut également pénétrer dans la trachée. Les veaux peuvent alors contracter des pneumonies ou même s'étouffer. Cette pratique devrait uniquement être effectuée par un vétérinaire et seulement en cas d'urgence, pour sauver la vie d’un veau.

Mutilations

Des interventions chirurgicales sont effectuées sur les veaux, souvent sans anesthésie : écornage, ébourgeonnage (brûler le bourgeon de corne du veau), coupe de la queue, marquage au fer rouge/marquage des oreilles, castration… Chez le veau, ces procédures provoquent une peur, douleur et détresse intense, fragilisant le système immunitaire, altérant les fonctions cérébrales et le comportement des animaux. Si la douleur physique s'atténue après un certain temps, les traumatismes comportementaux les marquent à vie. Pour en savoir plus, cliquez ici.

Les veaux mâles, les indésirables de l'industrie laitière

Les veaux mâles des races laitières ne s'engraissent pas facilement et n'ont donc aucune valeur sur le marché de la viande. Les veaux malades ou trop maigres pour l'engraissement sont souvent négligés. D'autres veaux mâles sont vendus et transportés aux Pays-Bas, en Belgique ou en Italie et sont détenus dans le noir, sans paillage, afin de produire une viande blanche. Les veaux trop faibles, n'ayant pas supporté ce long transport sont euthanasiés aux frontières du pays.

La couleur blanche de la viande de veau est souvent associée à un produit de qualité, mais savez-vous qu’elle provient en réalité d’un animal anémié ? Plutôt que de laisser pâturer les veaux, ceux-ci sont en effet volontairement maintenus enfermés et nourris avec du lait et de la paille, un régime pauvre en fer, pour obtenir une viande de couleur blanche. Plus le veau est carencé, plus sa viande est blanche ! Cette pratique fragilise leur santé et contribue à la prise d’antibiotique. 

Nous ne connaissons le nombre exact de veaux mâles décédés que s'ils sont âgés de plus de 7 jours. C'est à partir de leur 7ème jour de vie qu'ils sont marqués à l'oreille et enregistrés dans la base de données officielle. Les veaux qui meurent au cours de leur première semaine de vie n'étant pas répertoriés, il est difficile de savoir ce qu'ils deviennent.

Le réseau QUATRE PATTES demande :

...la fin des pratiques cruelles :  

  • une limite d'au moins 3 mois avant de séparer le veau de sa mère, leur permettant ainsi de créer un lien social visant à éviter les troubles comportementaux et la détresse liée à la séparation précoce ;
  • l'interdiction d'isoler un veau de ses congénères ;
  • en attendant l'interdiction des procédures de mutilation :
    • la castration doit être pratiquée uniquement sous anesthésie et analgésie, jusqu'à l'âge de 42 jours maximum, par un vétérinaire expérimenté et doit également être suivie de mesures de soulagement de la douleur post-opératoire ;
    • les veaux ne doivent pas être écornés. Les troupeaux devraient pouvoir conserver leurs cornes ou élevés génétiquement sans cornes. En attendant, l'interdiction de l'écornage, Le réseau QUATRE PATTES demande l'obligation du soulagement de la douleur lors des interventions ;
  • Une garantie que les animaux puissent exprimer des besoins naturels à l'espèce ; 
Vaches dans un champ

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