Au plus fort de la pandémie de COVID, à la mi-juillet 2020, nous avons accueilli à notre ÉCOLE DE LA FORÊT POUR ORANGS-OUTANS à Bornéo un orang-outan terrifié de trois ans. La jeune femelle était en mauvais état de santé, maigre et couverte de petites blessures sur tout le corps. Compte tenu de l'expression de terreur qu’elle affichait lorsque nous l’avons approchée, il était clair qu'elle était traumatisée par ce qu'elle avait vécu.

Elle a été trouvée toute seule, alors qu'elle traversait un tronçon de route reliant les villes de Sangatta et Bontang à Bornéo. Les pompiers, qui patrouillaient dans la zone, l'ont repérée et l'ont amenée au parc national de Sangatta. Ils ont d’abord pensé à la relâcher dans la nature, mais heureusement, en constatant ses blessures et au vu de son état de santé, il est devenu clair pour eux que l'orang-outan avait besoin de plus de soins et que la relâcher seule dans la forêt compromettrait ses chances de survie. Les autorités ont pris contact avec L'ÉCOLE DE LA FORÊT POUR ORANGS-OUTANS, gérée par le partenaire de QUATRE PATTES, Yayasan Jejak Pulang. La vétérinaire de l'école, Kiki, est allée chercher l'orang-outan orphelin, qui est devenu le dixième orang-outan à rejoindre notre programme de réhabilitation à Bornéo.

Elle a été baptisée Lestari, ce qui signifie « éternelle » en indonésien. Bien entendu, à l'âge de trois ans, elle était beaucoup trop jeune pour être relâchée seule dans la nature, même si elle n'avait pas été blessée. Nous ne savons pas comment elle a perdu sa mère ni depuis combien de temps cette petite femelle était restée à la dérive, désorientée, en deuil, vulnérable et seule. Les hommes sont sans doute devenus pour elle des ennemis mortels, mais nos soignants connaissent bien les signes de traumatisme et ont patiemment tenté de gagner sa confiance. Alors qu'elle était encore en quarantaine, nous avons chargé deux personnes de la mettre en confiance. Nous lui avons permis de voir de loin Damai, arrivé en mai. Damai était déjà très lié à son soignant, et au fur et à mesure que Lestari les observait, elle a pris de l'assurance et a ensuite rapidement compris que ses soigneurs ne lui feraient pas de mal.

Petit à petit, alors que la petite Lestari se remettait de ses expériences traumatisantes, elle a montré qu'il y avait en elle un orang-outan enjoué et sûr de lui. Une fois remise sur pied et après avoir passé la période de quarantaine par laquelle tous nos nouveaux arrivants passent, elle a pu rencontrer Damai en personne et jouer avec lui. Peu de temps après, ils ont commencé à se rendre à L'ÉCOLE DE LA FORÊT POUR ORANGS-OUTANS et ont repris un mode de vie d'orangs-outans au plus proche de leur environnement naturel dans la canopée !

Comme le lien entre Lestari et Damai s'était renforcé, nous leur avons présenté certains des orangs-outans résidents de l’école. D’abord Gonda et Kartini, puis Tegar et Gerhana. Au fil des mois, Lestari a gagné en indépendance et en confiance. Lorsqu’il pleut à la mi-journée, elle va dans les arbres et construit un nid avec un abri. Pour les soigneurs, il est devenu évident qu’elle fait preuve d’une grande habileté ! Pour elle, le sauvetage est arrivé juste à temps et elle a pu passer en douceur de la vie sauvage au refuge que lui offre notre école. Damai n'a pas eu cette chance et doit surmonter l'influence humaine qui a façonné sa vie avant son arrivée et apprendre à devenir un orang-outan. Lestari, elle, a juste besoin que nous l'abritions pendant qu'elle grandit.