
L’histoire du commerce de la bile d’ours au Vietnam
Une mission urgente du réseau QUATRE PATTES
Mettre fin à l’exploitation des ours à bile au Vietnam : une mission urgente
Au Vietnam, moins de 200 ours survivent encore dans des conditions dramatiques, répartis dans une centaine de fermes. Malgré l’interdiction de la vente et de la consommation de bile d’ours depuis 2005, le commerce illégal persiste. Le réseau QUATRE PATTES se mobilise pour mettre un terme définitif à cette pratique cruelle.

Qu'est-ce que la bile et à quoi sert-elle?
La bile est un substrat obtenu à partir des vésicules biliaires de l'ours noir d'Asie, de l'ours soleil et de l'ours brun. Au Vietnam, l'ours noir d'Asie, également connu sous le nom d'ours à collier, est le plus souvent élevé pour extraire de la bile d'ours.
La bile d'ours est utilisée depuis des milliers d'années dans la médecine traditionnelle. La première mention se trouve dans un texte médical du huitième siècle, dans lequel la bile d'ours est prescrite pour des maladies telles que l'épilepsie, les hémorroïdes et les douleurs cardiaques.
Des alternatives synthétiques et végétales à la bile d'ours existent depuis les années 1950, mais malgré ces alternatives efficaces, la bile d'ours continue à être utilisée dans la médecine traditionnelle.

Comment la bile est-elle extraite des ours ?
Malgré l’interdiction officielle de l’extraction de bile au Vietnam depuis 2005, la pratique persiste dans l’illégalité. Les méthodes utilisées sont extrêmement douloureuses et traumatisantes pour les animaux.
Le processus est brutal : anesthésiés de manière approximative, les ours subissent une ponction de la vésicule biliaire à travers la paroi abdominale, souvent sans réelle sédation, provoquant une douleur insupportable, pour une bile vendue le plus souvent illégalement.
Quelles sont les conséquences sur la santé des ours à bile ?
Les ours enfermés dans des fermes à bile vivent dans des cages minuscules, sans stimulation ni soins vétérinaires adaptés. Les extractions répétées provoquent :
- Des maladies chroniques du foie et de la vésicule biliaire
- Des cancers, des infections et des douleurs persistantes
- Des troubles musculaires et osseux dus au manque d’exercice
- Des troubles du comportement liés à l’ennui et au stress, les stéréotypies
- Des dents cassées à force de ronger les barreaux de leur cage

Des conditions de détention inacceptables
Les ours à bile vivent dans des cages métalliques étroites, souvent à même les grilles, sans eau, ni enrichissements. Beaucoup d’entre eux sont capturés dès leur plus jeune âge, après que leur mère ait été tuée. Ils passent leur vie dans la souffrance, développant des maladies chroniques du foie, des troubles comportementaux et des problèmes physiques graves.
Magdalena Scherk-Trettin, Responsable des sauvetages d’ours pour le réseau QUATRE PATTES, témoigne : " Les cages sont si petites que certains ours ne peuvent même pas s’allonger. Ils dorment assis, sans accès à l’eau. C’est d'une cruauté extrême. "
Notre responsable de projet pour le sauvetage des ours, Magdalena Scherk-Trettin, a observé les fermes d'ours à bile au Vietnam: «Les cages sont extrêmement petites, à peine plus grandes que les ours eux-mêmes et totalement inhospitalières. Les ours manquent de tout. Ils sont malades et sans vie. J'ai vu des animaux qui ne pouvaient même pas s'allonger correctement dans leur cage. Ils devaient dormir en position assise. Les ours détenus dans ces fermes n'ont généralement pas accès à l'eau. C'est de la cruauté extrême envers les animaux».


Pourquoi cette pratique existe-t-elle encore au Vietnam ?
En 2005, le Vietnam a interdit la possession, la vente et l’extraction de bile d’ours. Toutefois, les fermiers ont été autorisés à garder leurs ours à condition qu’ils soient pucés et enregistrés avant cette date. Beaucoup ont continué les extractions illégales en toute impunité.
Le réseau QUATRE PATTES travaille activement avec les autorités locales pour sauver les ours restants, renforcer les contrôles et faire appliquer la loi.
Combien d’ours à bile reste-t-il encore en captivité au Vietnam ?
Depuis plus de 15 ans, le gouvernement vietnamien, en partenariat avec des ONG, lutte contre l’élevage cruel des ours à bile. Grâce à ces efforts, le nombre d’ours exploités est passé de 4 300 en 2005 à seulement 167 en avril 2025, soit une réduction de 96 %. De nombreux propriétaires ont volontairement renoncé à leurs ours, soutenus par les autorités locales.

Hanoï : le dernier point chaud de l’élevage d’ours à bile
Malgré les progrès dans tout le pays, Hanoï reste le principal foyer de l’élevage d’ours à bile, avec 80 ours répartis dans 17 fermes, soit 50 % du total national.
Alors que d’autres provinces ont pris des mesures concrètes pour éradiquer cette pratique, Hanoï accuse un sérieux retard, ce qui nuit à l’image globale des efforts du pays. En tant que capitale, elle devrait montrer l’exemple et renforcer son engagement pour mettre fin à cette pratique plutôt que de donner cette image embarrassante à la scène internationale. Mais la ville n’a montré que peu d’engagement dans ses efforts pour mettre fin à cette industrie, ce qui ralentit considérablement ceux du gouvernement vietnamien pour mettre fin à l’exploitation des ours pour leur bile dans le reste du pays.
La FORÊT DES OURS de Ninh Binh : un sanctuaire essentiel
La FORÊT DES OURS de Ninh Binh, géré par le réseau QUATRE PATTES, offre un sanctuaire sécurisé et adapté aux ours rescapés des fermes à bile ou du commerce illégal d’animaux sauvages. Ce sanctuaire comprend :
- De vastes environnements extérieurs
- Trois structures pour ours avec des tanières intérieures
- Une station de quarantaine
- Une clinique vétérinaire entièrement équipée
- Une cuisine pour la préparation des repas
- Un bâtiment administratif
Actuellement, 45 ours y vivent en sécurité, profitant d’un environnement naturel, de soins vétérinaires spécialisés et d’interactions sociales avec d’autres ours. Le sanctuaire est ouvert au public et propose des visites guidées ainsi qu’un skywalk de 300 mètres permettant d’observer les ours dans leur habitat. Il abrite également la première exposition éducative sur les ours au Vietnam.
Les prochaines étapes du réseau QUATRE PATTES pour mettre fin à l’élevage d’ours à bile
Le réseau QUATRE PATTES poursuit son engagement à travers plusieurs actions clés :
- Sauvetage des derniers ours à bile encore en captivité
- Transfert vers la FORÊT DES OURS de Ninh Binh pour une prise en charge définitive
- Collaboration étroite avec les autorités locales et nationales
- Programmes éducatifs sur la protection de la faune, la nature et l’environnement
- Campagnes de sensibilisation nationales et internationales pour réduire la demande en produits à base de bile d’ours