Le nombre annuel d'abandons des animaux de compagnie en France est-il mesurable ?

Chaque année, les abandons d’animaux de compagnie suscitent l’indignation, à juste titre. Une grande partie des animaux abandonnés deviennent errants, sont pris en charge par des fourrières, et finissent placés en refuge. Pourtant, il est impossible de connaître l’ampleur exacte du phénomène tant le nombre de ces abandons est difficilement mesurable.

Une identification encore trop partielle

En France, l’identification des chiens et des chats est obligatoire. Pourtant, d’après le fichier national d’identification des carnivores domestiques (ICAD), il est estimé qu’encore 1 chien sur 10 et 1 chat sur 2 ne sont pas identifiés (par puce électronique ou par tatouage) en France. Sans identification, il est impossible de relier un animal à son propriétaire, et donc de prouver qu’il a été abandonné. Un animal trouvé errant peut être considéré comme perdu, errant ou abandonné, sans distinction claire.

Une définition floue de l’abandon

Légalement, l’abandon constitue un délit, mais il ne dispose d’aucune définition juridique. Dans les faits, il est difficile de distinguer un abandon volontaire d’un abandon progressif, déguisé et discret, comme le fait de ne pas récupérer son animal après une garde ou après l'avoir déposé chez le vétérinaire, de déposer son animal ou une portée non désirée devant un refuge, de déménager en laissant dans son ancien logement son animal, ou tout simplement, en le déposant dans un lieu public (ex. parc, forêt, parking, aire d'autoroute).

Des données éparses et non centralisées

Les refuges, associations sans refuge (qui fonctionnent avec des familles d’accueil uniquement), fourrières et vétérinaires ne partagent pas tous leurs données de manière uniforme. Il n’existe aucune base nationale centralisée recensant les abandons. Les chiffres disponibles sont donc des estimations, souvent partielles. Le nombre de 100 000 abandons par an qui est souvent cité dans les médias est une ancienne estimation issue de grandes associations nationales. Il est symbolique, utilisé pour sensibiliser, mais non vérifiable et probablement sous-estimé.

Pour mieux lutter contre l’abandon, il est essentiel de renforcer l’identification, de clarifier la définition légale de l’abandon, et de recueillir des données officielles. QUATRE PATTES milite pour une meilleure traçabilité et une responsabilisation accrue des propriétaires.

Les animaux abandonnés, qui sont-ils ?

Les animaux abandonnés sont tous âgés.

FAUX. Au sein des structures d'accueil, il est possible de rencontrer des animaux de tous âges. Leurs arrivées étant situationnelles et/ou contextuelles, leurs âges sont tout aussi multiples que les raisons qui les ont menés en refuge. Il est important de rappeler qu'un animal sénior ne rime pas avec pathologie médicale ou problématique de comportement. Il est tout à fait possible d'adopter un animal sénior en bonne santé et qui a acquis des codes sociaux. Malheureusement, les animaux séniors s'adaptent très difficilement à la vie en structure d'accueil, une attention particulière leur est donc apportée.

Les animaux abandonnés sont tous malades.

FAUX. Il est possible de rencontrer quelques animaux abandonnés du fait d'une pathologie médicale que l'ancien adoptant ne peut prendre en charge, mais majoritairement, les animaux ne sont pas abandonnés du fait d'une maladie. De plus, les structures d'accueil mettent en place des protocoles vétérinaires strictes afin de garder les animaux qu'elles accueillent en bonne santé. Toutefois, la vie en communauté peut apporter son lot de virus, très souvent maitrisés et traités par les équipes soignantes et les vétérinaires des structures d'accueil.

Les animaux abandonnés n'ont pas d'éducation.

FAUX. La majorité des animaux abandonnés ont vécu une vie en foyer et ont reçu les codes de socialisation et d'éducation de base. De plus, les équipes soignantes des structures d'accueil ainsi que des éducateurs et des comportementalistes, interviennent auprès des animaux nécessitant des apprentissages supplémentaires, avant leur adoption. Tout est mis en œuvre pour offrir un cadre sain et équilibré aux animaux abandonnés, malgré les conditions de vie non optimales pour leur équilibre émotionnel.

Les animaux abandonnés ont tous des problèmes de comportement.

FAUX. La plupart des animaux abandonnés le sont à cause d’un ensemble de circonstances. Seul un nombre minime d'animaux montrent des problématiques comportementales qui sont le plus souvent induites par un traumatisme ou des faits de maltraitance. Les équipes soignantes des structures d'accueil ainsi que des éducateurs et des comportementalistes, mettent tout en œuvre afin d'apporter une assistance à ces animaux, de maximiser leur chance d'être adopté et d'améliorer leur bien-être.

Les animaux abandonnés ne sont pas des animaux de race.

FAUX. Il est possible d'adopter des animaux de toutes races et de tous âges en structure d'accueil, car l'abandon n'a pas de critères de sélection. En revanche, il est courant de rencontrer des animaux de races dites "à la mode", comme le Malinois ou l'American Staffordshire Terrier chez le chien et le Persan ou le Ragdoll chez le chat. En effet, ces animaux sont souvent mis en avant à la télévision, au cinéma, dans des clips ou sur les réseaux sociaux, et sont alors convoités. Le plus souvent achetés chiots ou chatons de façon impulsive, ils sont ensuite abandonnés à l'adolescence voir à l’âge adulte, par manque de maitrise de l'animal et de son comportement, du fait de soins de toilettage trop récurrents à lui apporter, ou tout simplement parce que l'effet de mode est passé.

Que se passe-t-il quand un animal est abandonné ?

L’animal abandonné doit rapidement s’adapter à une vie en communauté forcée, qui peut durer de quelques jours à plusieurs années, dans des conditions souvent éprouvantes : surpopulation, bruits constants, variations de température, exposition aux intempéries, enfermés la grande majorité de leur journée – voire toute la journée. Il est également confronté à des maladies dites de communauté qui peuvent gravement altérer sa santé – voire lui être fatales – ainsi qu’à un profond ennui et une solitude pesante.

Du fait du nombre exponentiels d’animaux abandonnés, les places sont rares en structures d'accueil et les conditions de prise en charge s’en voient impactées, malgré toute la bonne volonté des équipes œuvrant au quotidien au sein des structures d’accueil, salariées et bénévoles.

Il est important de rappeler que les structures d'accueil assurent la prise en charge des animaux jusqu’à leur adoption ou, malheureusement, jusqu’à la fin de leur vie, tout en s'assurant de leur bien-être émotionnel et de leur bonne santé.