Des poussins dans un entrepôt

Risque élevé de pandémie 

L'Influenza Aviaire Hautement Pathogène menace la santé publique 

6.7.2023

VIENNE - À l'occasion de la Journée Mondiale des Zoonoses, l'organisation mondiale de protection des animaux QUATRE PATTES soulève que les gouvernements n'ont rien appris de la pandémie. En effet, les problématiques sur la santé humaine, environnementale et animale doivent être abordées de manière globale pour éviter une nouvelle crise. La recrudescence des foyers d'Influenza Aviaire Hautement Pathogène (IAHP) en est l’exemple parfait : il s'agit d'une " pandémie imminente " potentielle, due à l'expansion de l'élevage intensif.   

Les récentes infections par l'IAHP en Pologne, qui ont tué neuf chats dans trois régions distinctes, soulignent la nécessité de stratégies de prévention globales. Wendla Beyer, Coordinatrice des politiques pour QUATRE PATTES, déclare que : " Cette maladie causera des dégâts bien plus importants que ce que nous avons vu jusqu'à présent si les gouvernements continuent d'ignorer que l'élevage industriel accélère la circulation et la mutation des virus. Nous devons remodeler l'agriculture ainsi que notre relation avec les animaux et les écosystèmes si nous voulons protéger la santé publique ". 

L'IAHP a atteint un nombre record avec 50 millions de volailles abattues entre 2021 et 2022, rien qu'en Europe. Chez les oiseaux sauvages, la grippe aviaire provoque des taux de mortalité alarmants qui menacent de décimer des espèces menacées. Le virus a déjà tué des centaines de milliers d'oiseaux sauvages, dont 10 % des manchots de Humboldt au Chili en 2023 et 50 000 pélicans thages et Fous Variés en 2022. 

En 2022, les chiffres de l’European Food Safety Authority (l’Autorité européenne de sécurité des aliments) relèvent une augmentation des maladies chez les mammifères, avec notamment 52 000 visons tués dans les élevages d'animaux à fourrure et 8 117 otaries sur les côtes chiliennes. Malgré le nombre important de foyers, le risque accru de mutations transmissibles à l'homme, la perte de vies animales et les répercussions économiques, aucune stratégie n'a été mise en place par les gouvernements pour s'attaquer à cette problématique. 

La dégradation des écosystèmes, la perte de biodiversité, l'exploitation des espèces sauvages et l'agriculture intensive accélèrent l'évolution et la propagation des maladies infectieuses émergentes dont 75 % sont des zoonoses (transmises entre les animaux et les humains). Face à cette réalité, l'approche du concept " One Health " (" Une seule santé ") favoriserait une coopération transdisciplinaire et une participation communautaire afin d'élaborer des stratégies en prévention des épidémies. Cela se traduirait en une meilleure gestion de la santé du public, des animaux et de l'environnement tout en prenant compte de leur bien-être.  

Pourtant, les stratégies actuelles de lutte contre la grippe aviaire ne reflètent pas cette approche : les mesures d'intervention reposent sur l'abattage des volailles infectées et saines à proximité des foyers pendant que les politiques se concentrent sur la biosécurité et l’élaboration de vaccins. Les faits montrent que c’est insuffisant : les foyers de grippe aviaire se déclarent souvent dans des établissements où les animaux n’ont pas d’accès à l'extérieur mais aussi dans les installations avicoles où la biosécurité est élevée. Les stratégies ne sont pas suffisamment axées sur l’origine de ces infections zoonotiques.  

" L'agriculture industrielle actuelle repose sur la dégradation de l'environnement, la perte de biodiversité et la souffrance des animaux. C’est donc l'un des principaux facteurs de risque des zoonoses, ce que les gouvernements refusent de reconnaître. C'est un pari dangereux et malheureusement, la santé publique est en jeu. "

Wendla Beyer, Coordinatrice des politiques pour QUATRE PATTES

REPENSER L'AGRICULTURE : RÉDUIRE LE NOMBRE D’ANIMAUX D’ÉLEVAGE ET REVOIR LA GESTION DES SYSTÈMES DE PRODUCTION. 

Tout d’abord, le fait d’avoir autant de volailles au sein des élevages industriels multiplie les risques de circulation et de développement des maladies aviaires. Afin de limiter la transmission entre les structures, il est nécessaire de réduire le nombre d’animaux dans les élevages industriels. La décentralisation de la production (y compris de l'abattage) est un autre élément essentiel pour limiter les problématiques liées au bien-être animal mais surtout pour éviter la propagation des maladies. Il ne devrait pas y avoir d'élevages de volailles à proximité des lieux de repos naturels des oiseaux migrateurs car le risque de contact inter-espèces et de transmission virale y est particulièrement élevé. 

DES SOLUTIONS IMMÉDIATES : DES JARDINS D'HIVER ET LA PLANTATION D’ARBRES. 

Équiper les fermes de jardins d'hiver permet aux volailles d’avoir un accès sécurisé à l'extérieur pendant les épidémies. Il s'agit d'une solution simple qui encourage le bien-être des animaux et les élevages plein air et biologiques. La plantation d'arbres et d'arbustes dans les zones extérieures des fermes éloigne naturellement les oiseaux aquatiques, minimisant ainsi les contacts (et la transmission de maladies) entre les oiseaux domestiques et sauvages. 

EN FINIR AVEC L'ÉLEVAGE D'ANIMAUX À FOURRURE. 

Les élevages d'animaux à fourrure sont les foyers parfaits pour le développement et la propagation de virus transmissibles aux humains. Les vaccins, la biosécurité et la surveillance au sein des élevages d'animaux à fourrure ne suffisent pas et cette pratique à haut risque doit être interdite. 

M. Beyer déclare que : " Nous devons réviser les systèmes de production. Une transition des installations industrielles d'élevage vers de petites exploitations où les animaux sont élevés dans des conditions adaptées à leur espèce limitera : la souffrance animale, la transmission de maladies, les abattages inutiles, les pertes financières ainsi que les risques pour la santé humaine et animale ".  
 

CONTEXTE  

La Journée Mondiale des Zoonoses commémore le premier vaccin administré contre une zoonose : la rage. Elle offre l'occasion d'éduquer les gens et de les sensibiliser aux maladies qui peuvent se transmettre entre les animaux et les humains.  

Neuf chats meurent de la grippe aviaire :

https://www.quatre-pattes.org/nos-recits/presse/un-nouveau-foyer-de-grippe-aviaire-en-pologne-tue-neuf-chats 

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