
SNANC : une stratégie bloquée par le gouvernement
Un scandale qui retarde une transition alimentaire devenue urgente
Paris, le 1er décembre 2025 - La Stratégie Nationale pour l’Alimentation, la Nutrition et le Climat (SNANC) devait être publiée ce vendredi 28 novembre, après plus de deux ans de retard sur le calendrier fixé par la loi dite Climat et Résilience. Malgré une version transmise à l’AFP, le gouvernement a finalement gelé sa publication.
Pourquoi la publication de la SNANC est cruciale pour la transition alimentaire ?
Après des années d’attente et une publication annoncée le vendredi 28 novembre, la SNANC se fait toujours attendre. Selon le Monde, sa publication aurait été soudainement interrompue par Matignon. " Le Premier ministre n’ayant été ni informé ni ayant validé la stratégie, il est donc décidé de ne pas la publier ", aurait indiqué les services du premier Ministre. Sébastien Lecornu pouvait-il réellement ignorer le contenu d’une stratégie déjà validée par trois de ses ministres ? Ce retrait relève-t-il de nouvelles tensions entre les cabinets de l’Agriculture, de la Santé et de la Transition écologique ?
Deux ans de retard : quelles conséquences pour la santé, le climat et les animaux ?
Ce nouveau blocage est aussi incompréhensible que profondément préoccupant. Depuis plus de deux ans, cette stratégie a été co-construite par trois ministères, fondée sur les avis des plus hautes instances scientifiques françaises et enrichie par plus de 4 000 contributions citoyennes lors d’une consultation publique. Elle devait fixer un cap clair pour garantir une alimentation saine, durable et accessible, tout en réduisant l’impact du système alimentaire sur le bien-être animal, le climat, la biodiversité et la santé publique. Ce blocage, qui s’ajoute à deux années de retard, aggrave une situation déjà alarmante. Chaque mois sans SNANC a des effets très concrets sur la vie des Françaises et Français :
- Explosion des maladies chroniques et impasse budgétaire pour la Sécurité sociale ;
- Fragilisation de la filière agro-alimentaire ;
- Conditions de travail dégradées pour les agriculteurs ;
- Précarité alimentaire qui explose ;
- Émissions supplémentaires de gaz à effet de serre ;
- Perte accrue de biodiversité ;
- Souffrances animales qui perdurent dans les élevages intensifs.
Réduction de la consommation de viande : un objectif qui dérange ?
Pour QUATRE PATTES, ce blocage est particulièrement inquiétant car il pourrait être lié à des crispations autour de l’objectif de réduction de la consommation de viande.
La version de la stratégie communiquée à l’AFP prévoit d'accompagner l'évolution des régimes alimentaires notamment vers :
- " une consommation suffisante et limitée de poisson et de produits laitiers " ;
- " une limitation de la consommation de viande et de charcuterie " ;
- " une réduction de la consommation de viande importée ".
Cet objectif, pourtant consensuel et sans aucun chiffrage, serait-il à l’origine de cet énième retard dans la publication de la stratégie ?
S’il était confirmé que le blocage de la SNANC est lié aux objectifs de limitation de la consommation de viande, ceci constituerait un signal extrêmement préoccupant : celui d’une incapacité à assumer une transition “moins et mieux” de produits d’origine animale. La réduction de la consommation de viande figure pourtant parmi les leviers les plus consensuels et les plus documentés scientifiquement pour améliorer à la fois le bien-être animal, le climat, la santé publique et la souveraineté alimentaire.
QUATRE PATTES a coordonné une note collective qui décrit les multiples mesures qui pourraient d’ores et déjà être actionnées par les pouvoirs publics pour mettre en œuvre le principe des 3R (Raffiner, Réduire, Remplacer).
QUATRE PATTES appelle à une publication immédiate et ambitieuse
Empêcher que des objectifs de réduction de la consommation de viande figure dans la SNANC reviendrait à privilégier les intérêts de filières agro-industrielles au détriment de l’intérêt général, de la santé publique, du climat et des animaux. Alors que les conséquences environnementales et sanitaires de notre système alimentaire coûtent déjà 19 milliards d’euros par an à l’État, il est urgent d’engager au plus vite des transformations structurelles.
QUATRE PATTES appelle à la publication immédiate de la SNANC, sans dilution de ses ambitions, et notamment avec un engagement clair en faveur d’une réduction de la consommation de produits d’origine animale. Notre association restera pleinement mobilisée pour que ce blocage soit levé sans délai et pour que cette stratégie, attendue depuis plus de deux ans, voie enfin le jour dans l’intérêt des animaux, des citoyens et de la planète.
