Pandémies : une mutation alarmante de la grippe aviaire
Le réseau QUATRE PATTES s'alarme d'une transmission possible entre mammifères
Vienne, le 5 février 2024 – La quasi-totalité d'une population d'éléphants de mer du Sud a été décimée dans la péninsule de Valdés, en Argentine, suscitant de vives inquiétudes. La grande majorité des petits, nés en 2023, ont été tués par la grippe aviaire, ce qui met la survie de cette population d'éléphants de mer en danger. Cette mortalité massive soulève la crainte d’une mutation de la souche H5N1 Hautement Pathogène et de sa transmission possible entre mammifères, constituant le risque d'une nouvelle pandémie humaine. Alarmé par cette évolution, le réseau QUATRE PATTES demande une mise en place immédiate de mesures internationales de prévention des pandémies pour s'attaquer à la cause principale : l'intensification de l'élevage.
Auparavant, la grippe aviaire n’était transmissible que par les oiseaux. Le nombre alarmant de victimes parmi les éléphants de mer, dont les contacts avec les oiseaux sont limités, suggère que ce virus serait désormais transmissible entre mammifères. " Cette mutation pourrait avoir des conséquences sans précédent et constituer une grave menace pour la santé animale et humaine, nous rapprochant ainsi d’une prochaine pandémie ", déclare Mme D'Abramo. Un risque mortel, puisque la grippe aviaire affiche un taux de mortalité de 50 % chez l'homme, selon les données de l'OMS.
L'élevage industriel, foyer de la grippe aviaire
" Malgré les effets dévastateurs de la grippe aviaire sur les animaux et les humains, ainsi que la menace d'une nouvelle pandémie, aucune stratégie n'a été mise en place pour s'attaquer au problème sous-jacent qui a rendu la grippe aviaire hautement pathogène incontrôlable : l'élevage intensif. L'élevage industriel est un foyer de pandémie ", explique Wendla Beyer, coordinatrice des politiques au sein du réseau QUATRE PATTES.
Des données suggèrent que l'intensification de l'agriculture depuis 1940 est liée à plus de 50% des maladies zoonotiques transmises à l'humain. La surpopulation d'animaux dans les élevages industriels ainsi que leurs conditions de détention déplorables contribuent largement à la transmission, à la circulation et à la mutation des virus de la grippe aviaire. Une transition vers de plus petites structures, respectueuses du bien-être animal, est inévitable pour réduire les risques de maladie, limiter l'abattage, la souffrance des animaux mais aussi les pertes financières pour les agriculteurs.
Protéger la santé animale et humaine
Le réseau QUATRE PATTES souligne que l'approche " One Health " (Une seule santé) est primordiale dans la prévention et l’anticipation de réponses face aux pandémies. Selon une étude des Nations Unies, ¾ des maladies infectieuses émergentes sont zoonotiques, c'est-à-dire transmissibles entre les animaux et les humains. " Pour protéger la santé animale et humaine, nous devons réduire considérablement l'élevage intensif. Nous devons remodeler l'agriculture et revoir notre conception de la santé, en reconnaissant que le lien inévitable entre la santé humaine, animale et environnementale. Nous ne pouvons pas traiter la santé humaine de manière isolée ", déclare M. Beyer.
Une action mondiale s'impose
Le réseau QUATRE PATTES lutte pour que le traité international sur la prévention, la préparation et la riposte face aux pandémies prennent compte de l’approche One Health. " Nous avons besoin de solutions globales efficaces qui s'attaquent aux causes profondes du problème. L'approche " One Health " doit être solidement ancrée dans le traité international sur les pandémies afin d’éviter de souffrances inutiles ", conclut M. Beyer. Le traité relatif aux pandémies est en cours de négociation jusqu'à mai 2024, date de l'Assemblée mondiale de la santé, ce qui laisse peu de temps aux États membres pour revoir leur approche tout en respectant le délai imparti.