Élections européennes : Les animaux de compagnie aussi sont concernés
Découvrez comment la prochaine mandature européenne peut mettre fin au fléau du trafic de chiots
Le dimanche 9 juin, les Français sont appelés aux urnes pour élire les 81 eurodéputés qui iront siéger au Parlement européen.
Perçues comme lointaines et complexes, les élections européennes ont un taux de participation souvent faible. Pourtant, celles-ci ont un impact très concret sur la vie de chacun et chacune, y compris sur celle des animaux de compagnie. Découvrez comment les élections européennes peuvent changer la vie de nos compagnons à poils.
Le fléau du trafic de chiots dans l’Union européenne et par-delà ses frontières
La France est l’un des pays européens où les animaux de compagnie sont le plus présents, avec près de 15 millions de chats et 8 millions de chiens qui partagent nos foyers1. Nos animaux de compagnie sont sources de bonheur et de bien-être au quotidien, mais l’envers du décor est parfois sombre. La Commission européenne estime que le commerce de chats et chiens est un marché extrêmement lucratif, avec un chiffre d'affaires de 1,3 milliard d’euros chaque année. Le commerce illégal a par ailleurs explosé, accéléré par un marché en ligne en pleine expansion, qui représente aujourd’hui 60 % du total des ventes de chiens et de chats dans l’Union européenne (UE)2.
Cette forte demande alimente un cycle de cruauté, conduisant à « produire » en masse des chiots de manière inhumaine. Les enquêteurs du réseau QUATRE PATTES ont analysé des centaines d’annonces de vente de chiots en ligne et rendu visite aux vendeurs suspects. Les chiots sont souvent enfermés dans des sous-sols, des hangars ou des garages avec peu d'éclairage, de ventilation ou de chauffage, et sont parfois sous-alimentés. Notre dernier rapport renseigne également les stratagèmes déployés par les vendeurs illégaux pour tromper les acheteurs. Il montre comment des chiots, souvent trop jeunes, sont vendus en ligne sous de fausses identités, grâce à des documents vétérinaires falsifiés.
Les animaux victimes de ce trafic cruel souffrent de nombreux problèmes de santé. Leur sevrage trop précoce peut entraîner divers problèmes sanitaires et de développement comportemental. Pour les chiots en provenance d’Europe de l’Est, ces problèmes sont aggravés par leur long trajet jusqu’au pays de destination. Par ailleurs, l'absence de soins vétérinaires et de vaccination chez ces chiots peut favoriser la transmission de maladies aux nouveaux propriétaires, ainsi qu’aux autres animaux du foyer, telles que la rage, la teigne ou des parasites.
QUATRE PATTES se mobilise contre ces traitements inhumains avec sa campagne « Mignon. Maintenant. Malade. » contre le trafic de chiots. La réglementation lacunaire permet de surcroît à ce trafic de prospérer, car en l’absence d’obligation de traçabilité, les trafiquants peuvent disparaître sans laisser de trace. Mais tout cela peut bientôt changer !
Un nouveau texte européen sur le bien-être et la traçabilité des chiens et chats
Après des années à documenter ce commerce illégal, la Commission européenne a publié le 7 décembre dernier une proposition de règlement pour assurer le bien-être et une meilleure traçabilité des chiens et chats.
Une fois le règlement adopté, des normes minimales de détention comportant visant à améliorer le bien-être animal s’appliqueront aux élevages, animaleries et refuges dans toute l’Union européenne.
La Commission propose aussi de nouvelles exigences en matière de traçabilité. L’identification et l’enregistrement deviendront obligatoires pour les chats et les chiens proposés à la vente ou au don par les éleveurs, les refuges et les particuliers. Des contrôles automatisés des annonces de vente en ligne doivent aider les autorités à contrôler l’élevage et le commerce des chiens et des chats, et les acheteurs à vérifier que les vendeurs sont bien en règle.
Si certaines de ses dispositions sont d’ores et déjà adoptées en France, où la réglementation est plus contraignante que chez nombre de voisins européens, l’intérêt majeur de ce texte est d’harmoniser les règles au niveau de l’UE, mais aussi dans les pays tiers où pullulent des usines à chiots et chatons.
L’impact des élections européennes sur les animaux de compagnie
La proposition de la Commission européenne sur le bien-être des chiens et des chats et leur traçabilité doit maintenant être examinée à la fois par les ministres des États membres de l’Union européenne mais aussi par les députés européens qui seront élus lors des élections du 9 juin 2024. Rien n’est donc joué pour ce texte ; son ambition peut être revue à la hausse… comme à la baisse !
QUATRE PATTES, avec 28 autres ONG, a mené depuis plusieurs mois la campagne Engagement Animaux 2024 pour faire adopter aux candidats aux élections européennes notre manifeste pour une Europe plus respectueuse des animaux. Les signataires s’engagent sur dix demandes prioritaires, dont une qui vise notamment à interdire le trafic de chiots. Les prochains eurodéputés peuvent en effet s’engager à soutenir ce texte et à le perfectionner sur certains points :
- La proposition de règlement prévoit des dérogations pour les « petits » éleveurs. Cela laisse la porte ouverte à l'activité d'éleveurs non déclarés. Pour répondre correctement au problème du trafic, tous les éleveurs doivent être soumis aux mêmes règles.
- L’obligation d’identification ne s’applique qu’aux chiens et chats proposés à la vente ou au don. Or, pour être la plus effective possible, cette obligation devrait s’appliquer à tous les animaux, y compris errants.
- La proposition n’est pas assez stricte face aux problèmes des races hypertypes (races avec des traits distinctifs accentués à l’extrême pouvant entraîner des conséquences néfastes sur la santé des animaux). Par exemple, elle autorise les races brachycéphales sous certaines conditions (chiens à têtes courtes qui souffrent de problèmes respiratoires comme les Bouledogue, Carlin, Pékinois...).
- La proposition devrait interdire des pratiques de maltraitance comme les colliers coercitifs. Sur ce point, La France devrait adopter la proposition de loi visant à interdire les colliers étrangleurs et électriques, afin que notre pays puisse faire figure de modèle au niveau européen.
- La proposition de la Commission européenne ne s'applique qu'aux chiens et aux chats, mais pas aux nouveaux animaux de compagnie. QUATRE PATTES milite pour l’adoption au niveau européen d’une liste positive, qui consiste à lister les espèces animales pouvant être détenues comme animaux de compagnie.
Pour s’assurer que le bien-être des animaux de compagnie à travers l’Europe soit protégé, il est possible de voter pour des candidats engagés sur le bien-être animal le 9 juin prochain. Découvrez les candidats engagés sur : Élections européennes 2024 | Engagement Animaux (engagement-animaux.fr)
